La crise climatique, la crise sanitaire, la guerre aux frontières de l’Europe, la pénurie de matières premières… autant d’injonctions à changer nos modèles de production et de consommation pour engager notre agriculture dans de nouvelles voies, relocaliser nos matières premières, regagner notre souveraineté alimentaire et redonner du sens au métier de producteur, et à notre responsabilité de consommateur.
Dans ce processus de modification des pratiques en début de chaîne, l’engagement du producteur mais aussi et surtout du consommateur dans le changement est primordial.
C’est par le consommateur que les filières trouveront des débouchés, tireront la production, permettant ainsi d’apporter aux producteurs la valorisation dont ils ont besoin.
Créer la rencontre entre le citoyen et le consommateur, un enjeu pour les filières
L’économie circulaire, qui implique des changements de pratiques, et qui pour être viable doit motiver les producteurs, mais aussi et surtout trouver son marché, intéresser les consommateurs, et déclencher l’acte d’achat, est au cœur de nos sujets d’étude au Centre Culinaire Conseil.
La prise en compte de l’impact des pratiques agricoles sur l’environnement, la juste rémunération des producteurs, le bien-être animal, les process de transformation plus « clean », etc… sont autant d’éléments qui impactent les coûts de production, et donc le prix de vente au consommateur.
Ces attributs font écho aux souhaits exprimés des individus, à leur besoin de transparence dans les filières de production, à leur défiance vis-à-vis des industries agroalimentaires et surtout à ce besoin en tant que citoyen, de vivre dans un monde durable et respectueux de la Terres, des Animaux et des Hommes, et en tant que consommateur, d’agir en ce sens par ses choix de consommation.
Nous avons tous entendu parler de la dissonance cognitive, cette petite phrase
« Le consommateur est complexe, on ne le comprend pas. Entre ce qu’il déclare, et ses actes d’achat réels, ce n’est pas du tout la même chose… »
Dissonance cognitive ? Consommateur schizophrène ?
Chaque individu est pluriel, et c’est à la fois LE Citoyen, LE Mangeur ET LE consommateur, par l’acte d’achat, qui font le marché.
- Le citoyen a des valeurs, des convictions, des croyances, une éthique, des aspirations.
- Le mangeur a des goûts, des envies, des préférences, une quête de plaisir, des sens à satisfaire.
- Le consommateur a le porte-monnaie, des choix à faire dans des rayons à choix multiples, dans un temps contraint de quelques secondes, pour des occasions spécifiques.
👉 Le consommateur, mangeur citoyen fait donc des compromis qui le poussent parfois à faire des choix en désaccord avec ses convictions de citoyen.
La méthodologie du design et la sociologie au service des filières
Prenons l’exemple de filières de production animale, en tant que citoyen, nous avons tous le souhaite de manger moins de viande, mais de choisir notre viande issue d’animaux en bonne santé, provenant d’élevages extensifs, en extérieur, nourris à l’herbe, abattus heureux…
Lorsqu’on est confronté au marché, aux rayons, au moment de consommation visé, au lieu d’achat, et surtout à notre pouvoir d’achat, en majorité, notre choix se porte sur une viande avec le meilleur rapport qualité / prix (estimation propre à chaque individu) et des garanties suffisantes pour nous réassurer (Label, origine, produit bio, etc… ).
Et lorsque le plaisir du moment prend le pas sur tout le reste, on préfère ne pas se poser de question pour ne pas prendre le risque de gâcher ce moment. (Ex : soirée entre amis, sortie au restaurant, etc…)
Par ailleurs, la notion de qualité est propre à chaque individu… à ses connaissances des filières, de l’agriculture, de l’agro-alimentaire, à sa sensibilité tantôt orientée nutrition, environnement, bien-être animal, juste rémunération des producteurs…. Les mentions valorisantes qui parlent sont différentes en fonction de notre âge, de notre catégorie socio- professionnelle, de notre sensibilité de mangeur, et de citoyen – par exemple, les séniors ayant été confrontés à des crises agricoles sont sensibles au label rouge tandis que les tout jeunes parents amorcent leur transition vers la bio avec l’arrivée d’un premier enfant, mais ne sont que peu sensibles au label rouge, etc…
Il est donc absolument nécessaire pour qu’une innovation trouve son marché, de comprendre chacune des facettes d’un individu pour appréhender le marché et développer des innovations en conscience.
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Avec des méthodologies de design et de sociologie : des enquêtes qualitatives, de l’observation, des enquêtes quantitatives, du workshop créatif, de l’exploration culinaire, etc… au Centre Culinaire, nous accompagnons nos clients pour comprendre ce DELTA, et ainsi, orienter les filières de production et le « positionnement produit » pour répondre aux attentes du citoyen, tout en répondant aux attentes du consommateur.
Et demain ?
Les méthodologies de design ne sont que trop rarement explorées sur des problématiques de filières. Pourtant, elles nous permettent d’appréhender chacun des maillons, de confronter les différents acteurs, de créer grâce à l’intelligence collective, et ainsi de comprendre, de délier, de dénouer, de trouver des consensus pour innover, et faire en sorte que chacun des acteurs s’approprie l’innovation.
La compréhension fine de Citoyen Mangeur Consommateur nous aidera, nous l’espérons, à comprendre le delta entre les intentions et la réalité des actes, et à trouver des voies pour le réduire, créer de la valeur pour développer et pérenniser les filières vertueuses…